Guy Bélanger, Traces and Scars (Bros). En magasin le 24 mars.
Le cinquième disque solo de l'harmoniciste Guy Bélanger est un formidable condensé de quarante ans de carrière. Oui, très jeune, Bélanger a connu Bob Walsh dans les bars de Québec et avec le décès du grand chanteur l'an passé, son spectre plane sur cet ouvrage en douze temps qui met en vedette un musicien dédié à son instrument qui fait équipe avec l'inventif guitariste André Lachance, authentique allumeur d'ambiances dans les tales de l'americana, de Marc-André Drouin (basse, guitare, piano) et du batteur Michel Roy. Le résultat est euphorique. L'osmose entre les complices de ce chapitre plus modeste et moins blues que Blues Turn, le précédent, est totale. Bélanger fesse dans le mile avec son coup de chapeau au frère de sang Walsh avec la poignante instrumentale My Dearest Friend, rêvasse sur Better Days, évoque Sonny Terry et sa locomotive sur Fat Boy, respire la campagne avec Les mauvaise herbes en référence au film du frangin Louis, pedal steel à l'avenant, on respire les grands espaces. Bélanger chante sur Little Heart, quoique moins convaincante comme chanson. Puis, un peu plus loin, le groove est au rendez-vous sur See The Light, Bélanger mitraille les notes avec le sourire, l'harmo a du chien. La pièce-titre est une parfaite évocation du potentiel infini du musicien qui nous transporte dans un écrin de douceur, gracieuseté d'Éric Longsworth et son violoncelle lucide et planant, la caresse est bénéfique. Et ça continue comme ça jusqu'à Who's Left Standing du groupe Storyville, là où Luce Dufault prend les rennes avec un aplomb vocal bluesé et chaud, qui n'est pas sans rappeler sa formidable version de Out of the rain d'Etta James il y a une vingtaine d'années. Le blues funky de Hot Time clôt avec superbe cette galette de douze chansons inspirées et inspirantes. Du grand Bélanger. Comme Bob aurait aimé. Céline Dion aura le choix facile lors de sa prochaine tournée.